Aquarelle Paroles d'artistes

Manù, « l’aquarelle, c’est la vie ! »

Palombaggia © Manù

Connaissez-vous « Manù » avec un accent sur le « u » comme il insiste lorsqu’il nous parle de ses origines ? Cet amoureux des images et de l’aquarelle nous ouvre les portes de son univers et nous livre une interview particulièrement riche. Rencontre.

Autoportrait © Manù

Autoportrait © Manù

Pinceaux Léonard : Bonjour Manù ! Merci d’avoir pris du temps pour répondre à nos questions ! Pour que nos lecteurs puissent mieux vous connaître, pouvez-vous tout d’abord nous parler de vos origines et de votre amour pour l’aquarelle.

Manù : On me surnomme Manù, avec un accent sur le « u ». Pourquoi cet accent ? Car en corse ça donne « Manou », plus tendre que « Manu » et surtout cela signifie « avoir la main » ou « avoir de la chance. »

J’ai quitté ma Corse pour apprendre l’art de la BD car je voulais raconter des histoires avec de belles images. À l’époque il n’y avait pas d’école de Cinéma et seule la BD pouvait m’aider.

C’est en prenant des cours de dessin dans une académie à Marseille que j’ai appris l’aquarelle avec André Pierre Hardy. Pour moi, et pendant 25 ans, l’aquarelle n’était qu’un moment de bien-être, jusqu’à ce que je comprenne qu’elle était un petit peu mienne…

C’est à ce moment-là que j’ai introduis l’aquarelle dans mes livres, pour finalement ne faire plus que cela…

Mon rapport à l’art est très particulier. J’ai beaucoup vu et je vois encore plus à présent grâce au web. Je trouve que l’art plastique perd son rôle. Les gens ne s’en aperçoivent même plus, mais nous sommes entourés d’art, d’artistes et même d’applications qui offrent un substitut à certaines personnes pour réaliser de « mini-œuvres ». On mange et on « vomit » de l’image comme on écoute et on efface de la musique, en oubliant l’essentiel : que c’est une part d’âme, d’un artiste…

Même la définition de l’artiste change ! Depuis l’avènement des réseaux sociaux, c’est celui qui joue au bon community manager qui devient artiste, à grand renfort de « likes », « partages » et j’en passe ! Que seraient devenus tout ceux qui sont au musée si Facebook avait existé ? Relisez leur fiche Wikipédia et vous verrez que beaucoup étaient détestés par leurs contemporains…

Bref, vous le comprenez, mon rapport à l’art est très compliqué. Ma vision est plus transgénérationnelle (passé-futur) qu’actuelle. D’un côté de l’art pour l’élite, de l’autre de l’art au terra-octet ! Au final, que restera-t-il dans 100 ans de tout cela ?

C’est pour ça que je ne me qualifie d’aucun titre. Je ne suis pas un artiste, juste un être humain qui a beaucoup de choses à dire et qui ne sait que parler avec des images en se demandant si elles seront comprises…

Girolata © Manù

Girolata © Manù

Pinceaux Léonard : Vous avez en tout cas une vision très sincère du monde de l’art. Dans tout cela, vous avez un sérieux penchant pour l’aquarelle. Pourquoi elle plutôt qu’une autre ?

Manù : L’aquarelle c’est la vie !

On a droit qu’à une feuille, et si on se plante, pas de « crtl+z » pour revenir en arrière !

On joue avec l’élément primaire qui nous a tous donné la vie : l’eau. De plus chacun de nos gestes s’impriment offrant à celui qui sait regarder une image de ce qu’on a été à cet instant « T ».

Aucun autre médium n’offre ce moment de « clonage de vie » aussi parfaitement…

Quand j’arrive à faire une aquarelle avec toute mon âme présente qui s’incruste dedans, elle est alors, pour moi, réussie !

Coucher de soleil © Manù

Coucher de soleil © Manù

Pinceaux Léonard : Côté technique, avez-vous des mentors, des rencontres durant votre parcours, qui ont forgé « l’artiste » que vous êtes aujourd’hui, ou bien vous qualifierez-vous plutôt comme une personne relativement indépendante, autodidacte ?

Manù : À part André Pierre Hardy, je n’ai pas eu de profs. Mais j’ai beaucoup regardé Turner et les Maîtres asiatiques du lavis ! Ces derniers pour la maîtrise et la vie dans leurs traits uniques. Leur zen m’a beaucoup aidé aussi !

Turner, c’est plus particulier pour moi. Bien sûr c’est un génie de la lumière et de la couleur, et mille fois oui j’ai appris à faire des ciels en essayant de comprendre comment il travaillait. Mais il y a un plus que je n’arrive pas encore à définir aujourd’hui…

Enfin, le cinéma de Kubrick et d’autres m’a inspiré, tout comme le métier de la radio. Je suis une véritable éponge !

Agriates © Manù

Agriates © Manù

Pinceaux Léonard : Parlez-nous de votre projet aquarelle.news. Comment vous est venue cette idée ? Dans quel objectif avez-vous lancé ce site internet ? Qu’est-ce que cela vous apporte à vous et à vos lecteurs ?

Lorsque j’ai créé mon site mesaquarelles.com suite à des « carabistouilles » avec mon éditeur, j’ai voulu qu’il contienne un maximum d’informations dont mes avis sur des produits d’aquarelle que j’avais testé…

Les lecteurs venant de mes vidéos Youtube cherchaient des infos sur ce que je faisais et tombaient sur cette rubrique. Sauf qu’au bout d’un moment les gens en voulaient bien plus ! Je me suis débrouillé comme je pouvais, et ça a permis à ma page « matos » de s’agrandir au fil du temps pour la plus grande joie de mes lecteurs.

Et c’est là que je me suis aperçu d’une chose : il n’y avait pas de site généraliste sur l’aquarelle ! Alors je me suis relevé les manches et j’ai créé aquarelle.news le premier site d’info sur l’aquarelle. Il contient des news, des tests produits, des top matos, bientôt des nuanciers etc.

Le problème c’est que l’aquarelle est comme l’Everest et que nous essayons (quatre bénévoles et moi-même) de le grimper avec une paire de tennis et 20 kilos de chocolats de Pâques.

Malgré tout un camp de base est bel et bien là, mais les soucis logistiques commencent à se faire sentir…

Quid du futur !?

Aquarelle Imaginaire © Manù

Aquarelle Imaginaire © Manù

Pinceaux Léonard : Vous faites donc beaucoup de tests. Question pinceaux, quels sont vos préférences et pourquoi ?

Manù : Votre question est simple mais dure à la fois !

Pour moi, un bon pinceau est celui dont on se sert avec plaisir, car il est le moyen d’écriture de notre âme.

Je connaissais une aquarelliste qui n’aimait qu’une marque de petit gris trouvé au supermarché, et d’autres ne jurant que par des spalters énormes…

J’essaie, dans mes tests de garder ce recul, en ne jugeant que les qualités intrinsèques du pinceau, c’est dire, sa ligne, son équilibrage, sa capillarité, sa robustesse, son usage et enfin son prix par rapport à la concurrence.

J’ai une petite préférence pour les martres nerveux et souples à la fois avec une longue pointe fine et une touffe suffisante pour mouiller abondamment comme votre 7733RO.

Au final, mes tests m’ont fait comprendre une chose. Un pinceau, c’est comme l’amour de sa vie, une fois que vous avez trouvé celui qui vous convient, le reste n’a aucune importance !

Pinceaux Léonard en martre aquarelle

Pinceaux Léonard 7733RO

Pinceaux Léonard : Quelle est à l’heure actuelle la réalisation dont vous êtes le plus fier ? Peut-on l’observer quelque part ?

Manù : Je suis rarement fier de ce que je fais ! Tout est perfectible ! Par exemple mon livre sur la Corse pourrait être encore mieux.

Mes aquarelles devraient être encore plus belles, plus vivantes, plus… plus ! Toutefois, pour que vos lecteurs ne pensent pas que je suis un ronchon, voici ma fée (note : oeuvre représentant une part de nudité) qui est aussi mon logo. Cette fée imaginaire a une histoire. Elle devait être vendue comme d’autres lors d’un salon manga. Je l’ai fait un soir où certainement je pensais très fort (à qui? à quoi? je ne sais pas). Mais le lendemain, au réveil, un amour immodéré pour cette aquarelle était né…

Pinceaux Léonard : Quels sont vos futurs projets ?

Manù : Améliorer mes sites, réaliser mon stage en juin, faire deux expos avec mes élèves puis une tout seul au mois de décembre à Nevers, faire aussi pleins de livres d’aquarelle car j’ai deux projets précis en cours et innovants… Je recherche d’ailleurs actuellement un éditeur !

Je rêve de faire une grosse exposition d’aquarelle de la Corse en Corse…

Enfin, j’aimerais créer un véritable festival de l’aquarelle, pourquoi pas avec un musée, pour que ce médium sorte enfin des ornières de l’art…

Oeuvre tirée de l'expo "Ciel ! Manù !" © Manù

Oeuvre tirée de l’expo « Ciel ! Manù ! » © Manù

Pinceaux Léonard : Un conseil à donner à une personne qui souhaite se lancer dans la pratique de l’aquarelle ?

Manù : Se lancer comme la première fois qu’on apprend à nager, à conduire ou faire l’amour… C’est peut-être ces derniers mots qu’il faut retenir : faire l’amour.

Retrouvez le travail de Manù sur :

À propos de l'auteur

Pinceaux Léonard

Depuis 1779, sept générations se succèdent à Saint-Brieuc en Bretagne pour fabriquer à la main des pinceaux de qualité, les Pinceaux Léonard. Aquarelle, acrylique, peinture à l'huile ou encore loisirs créatifs, nous produisons fièrement et avec passion la plus large gamme de pinceaux pour l'art en France.

3 Commentaires

  • moi aussi l aquarelle a etait mon moteur de vie ! jai pris des cours a l ecole des beaux arts de tours avec mr gassie !!!! et entre 2 cors je regardais encore et encore les bouquins sur turner !!!!!!!!!!!!!!!! et là cà etait MA revelation ! et jai peins pdt des annees regarder vivre les fusions !!!!!!!!! au rhtyme d une aquarelle par jour apres mes 8 heures en usine !!!!!!!!!!!! ah ! j en tire aucune gloire au contraire c est l aquarelle qui m a aide a m en sortir ! là j ai du mal a peindre les yeux ! mais vais peut etre m y remettre !! sos les fusins et autre ca passe ou ca casse !!!!!!!!!! en aquarelle pas de deuxieme chance merci davoir ecrit ce que j avais sur le coeur l aquarelle est la plus dure des techniques ! merci

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